Auguste (O.) MESTRAL (1812-1884)
Le 7 juin 1889, Alphonse Davanne donne lecture d’une lettre de E. Moutrille à la Société française de photographie. Répondant à l’appel d’une documentation sur le procédé sur papier ciré sec, cet ami et héritier de l’atelier de Mestral fait don à la SFP de quelques uns de ses négatifs. Parmi eux, l’escalier du Château de Blois , également photographié par Gustave Le Gray, a longtemps participé d’une attribution confuse de cet ensemble. C’est pourtant la seule vue de leur voyage partagé lors de la Mission héliographique, les autres datant du tour normand et breton entrepris solitairement par Mestral à l’automne 1852.
Accompagnant son don de quelques informations relatives au procédé déposé par Le Gray, Moutrille termine sur le souvenir de ses conversations avec le photographe :
« Quant aux renseignements, ceux qui restent dans ma mémoire sont assez vagues et très incomplets. Voici ce que Mestral me racontait : travaillant un jour chez Legray, avec lequel il était en rapports quotidiens, il avait posé par mégarde un pain de cire blanche sur la boîte à brome qui leur servait pour le daguerréotype, dont ils s’occupaient beaucoup. Ils furent très surpris de voir se dessiner sur ce pain de cire, qui s’était recouvert de vapeurs de brome, la silhouette de la croisée de la chambre qu’ils occupaient. Immédiatement, ils ont frotté de cire une feuille de papier et l’ont traitée comme une plaque daguerrienne ; ils obtinrent ainsi un semblant d’image. Très peu chimistes l’un et l’autre, ils en seraient restés là s’ils n’avaient pas fait part de leur résultat à M. Regnault, de l’Institut, qui les félicita de leur découverte et leur conseilla de plonger leur feuille de papier ciré dans un bain d’iodure, puis dans un autre bain de nitrate d’argent ; ce qui fut fait et réussit si bien que M. Regnault, qui s’intéressait beaucoup à eux, leur fit obtenir du Ministère des Beaux-Arts la commission d’aller faire la photographie de tous les monuments historiques de France. C’est ainsi que, fort peu maîtres de leur procédé, ils sont partis avec une voiture portant et leur personne et tous leurs appareils, pour faire le tour de la France, s’arrêtant partout où ils trouvaient ou un vieux souvenir ou un monument historique à reproduire. »